Une griffe s’épanouit dans l’environnement qui lui sied. Dans un monde virtuel, elle reste identifiée à l’adresse où elle a pris son envol. Prendre pignon sur rue de Sévigné, rue Bonaparte ou rue Saint Honoré est faire étalage d’affinités avec le quartier de son ADN. La mode, à la pointe de la modernité, pérennise l’image culturelle des quartiers historiques. Les barrières sociales et générationnelles tombées, elle intègre cette nouvelle mixité sociologique favorisée dans le partage des cadres urbains d'exception.
Luxe, mode et patrimoine partagent leurs valeurs culturelles. Un chef d'oeuvre unique n'a pas de prix ! Si Jack Lang est choqué par la mercantilisation des lieux", il oublie celle du Carrousel du Louvre où l'affectation détonne quand on y trouve la vente d'articles ménagers dans une architecture en totale inadéquation avec une vocation commerciale. La bonne affectation est celle qui qualitative restaure et valorise le patrimoine et le pérénnise.
La similitude des volumes ne suffit pas à l'intégration
La justice a donné raison aux défenseurs du patrimoine en reconnaissant évidente la dissonance du bâtiment de verre avec son environnement. Il est notoire qu'une rupture d'alignement nuit à la continuité de l'animation d'une artère et à son unicité. La façade de verre sans relief de La Samaritaine est étrangère à l'identité d'une rue emblématique. Comme en Haute Couture, la modernité peut s'exprimer spectaculairement dans le respect de ses codes culturels.
De cette usine datant du milieu du XIXème siècle, le retailer japonais a donc fait un magasin de 820 mètres carrés répartis sur trois niveaux. Un projet confié à l'agence tokyoïte Wonderwall qui a souhaité conserver des traces du passé, comme en témoigne son directeur Masamichi Katayama: "Nous avons préservé la magnifique structure d’origine de ce lieu historique en conservant la façade, la cheminée, les poutres ou encore la cour intérieure".
La cheminée est conservée en mémoire des lieux
En réhabilitant un bâtiment historique, Uniqlo partage l'identité du quartier. En y présentant une collection d'Inès de la Fressange, il associe son nom à une signature prestigieuse.Uniqlo soigne son image commerciale et culturelle, celle globale du contenant et du contenu. C'est une tendance très positive où des marques de grande diffusion se valorisent auprès d'une clientèle pour l'élargir et où le luxe démocratise son savoir-faire pour briser des barrière sociales et générationnelles.Le luxe accessible était déjà le principe fondateur des Galeries Lafayette.
Pour sa quatrième édition en date, le rendez-vous du développement durable, 1.618 Sustainable Luxury, a connu un franc succès. Avec 44 exposants (contre 32 lors de son édition 2012) et un vaste programme de tables-rondes, le salon professionnel ouvert au grand public a permis à plus de 5 171 visiteurs de s’informer sur les meilleures pratiques actuelles - et aussi les plus esthétiques - en matière de technologie, design, tourisme et de mode.
Ces visiteurs (57 % venus de France contre 43 % de l’étranger) ont souligné "la dimension incontournable sur le sujet du luxe durable et l’objectif réussi de démontrer que le développement durable est compatible avec création, qualité et esthétisme", estiment les organisateurs.
Le salon lancé en 2009 par Barbara Coignet a trouvé au Carreau du Temple (IIIe arrondissement) un écrin à l’image de sa mission, ambitieuse, exigeante mais aussi démocratique.
Outre le visitorat public et professionnel, cette édition fut marquée par une hausse des visiteurs issus du monde des médias, preuve de l'engouement croissant de ces derniers pour les questions de responsabilité dans l'industrie, notamment créative.
PRESTIGE DE LA MODE A LA HAUTEUR DES LIEUX INSCRITS AU PATRIMOINE QUAND L'AVENIR S'INSCRIT DANS LE PASSÉ.
La Halle Freyssinet de 1920 à 2006 était un bâtiment ferroviaire menacé de démolition avant d'être repris à l'inventaire du patrimoine pour une qualité architecturale qui a inspiré une affectation événementielle. Des défilés prestigieux lui donneront une nouvelle vie enviable qui précédera une renaissance en plus grand incubateur numérique du monde sous la houlette de Xavier Niel et une mise en scène de Jean-Michel Wilmotte. Une architecture d'exception est une valeur pérenne quand on lui offre les affectations qu'elle mérite.
« C'est un projet qui a pris du temps, qui a coûté cher, mais qu'est-ce que c'est beau ! », lance Bertrand Delanoë en visitant, jeudi 20 février, le nouveau Carreau du Temple. De fait, le maire de Paris résume assez bien la rénovation et la transformation de cette ancienne halle du XIXe siècle, en équipement culturel, sportif et événementiel au cœur du troisième arrondissement. Dix années auront été nécessaires, depuis le référendum local en 2004 jusqu'à l'ouverture officielle au public prévue vendredi 25 avril, pour que le projet aboutisse. Notre parti pris a été de révéler la structure métallique de la halle, de travailler sur les matériaux et de jouer avec la lumière », explique Jean-François Milou, architecte-maître d'œuvre du projet.
UN AUDITORIUM ET UN GYMNASE
Tout de bois blond, d'inox et d'acier, le lieu a conservé la
nef centrale intacte, dispose d'un auditorium de 250 places et, en
sous-sol, d'un gymnase et de plusieurs studios dédiés aux arts martiaux, à la relaxation, à la danse et aux cultures urbaines.
Ces 6 500 m2 sont sensés accueillir des activités pluridisciplinaires (cours et compétitions sportives, spectacles, concerts, défilés de mode,
salons, foires, etc) ouvertes aux scolaires, aux associations, aux
créateurs, aux habitants du quartier mais aussi à un public plus large.
Ainsi, le programme du week-end
inaugural annonce un concert du chanteur malien Salif Keita, une carte
blanche à l'Orchestre national de jazz, deux chorégraphies des
compagnies Chatha et Herman Diephuis, des spectacles de cirque mais
aussi une démonstration d'arts martiaux et un stage de sophrologie.
Jean-Luc Baillet, directeur général de ce nouvel
établissement, prévoit des partenariats notamment avec le Théâtre de la
Ville, le Théâtre du Rond-Point, le festival Paris Quartier d'été et la
Fédération française de prêt-à-porter.
Avant son ouverture quotidienne, le Carreau du Temple
accueillera, la semaine prochaine, le défilé de mode Yves Saint Laurent
lors de la Fashion Week parisienne et un salon du design, du 26 au 30
mars.
INSCRIT À L'INVENTAIRE DES MONUMENTS HISTORIQUES EN 1982
Cette très belle halle construite sur le modèle des halles
Baltard, située entre la place de la République et le Marais, revient de
loin. En 1863, sous l'impulsion du baron Haussmann, les bâtiments en
bois abritant 1 800 échoppes de vêtements, de cuir, de linge et de
ferraille sont remplacés par des pavillons en fonte et en verre imaginés
par Jules de Mérindol, l'architecte de la Grande Halle de la Villette.
Mais la naissance des premiers grands magasins et le
développement de la confection malmènent le commerce des fripiers du
Carreau. Face au déclin, la ville ampute le site à plusieurs reprises
pour réaliser des opérations immobilières.
Au début du XXe siècle, le marché se replie sur les deux derniers pavillons. Au fil des décennies, cette halle aux vêtements finit par végéter
et est même promise à la démolition. Mais en 1982, elle est sauvée
grâce à son inscription à l'inventaire des monuments historiques.
A son arrivée à la mairie de Paris, en 2001, Bertrand Delanoë fait acter le principe de sa rénovation. Consultation locale (2004), concours international
d'architecte, le chantier ne débute qu'en 2009 et est retardé par de
vastes fouilles archéologiques. Construit au milieu de l'enclos des
Templiers, au-dessus d'un cimetière médiéval, le Carreau renferme sous
terre des ossements, des bijoux, des terres cuites, etc. Près de huit
cents sépultures datant des XIIe et XVIe siècles ont été exhumées. Ce trésor historique est en cours d'analyse.
A la veille de quitter son fauteuil, le maire socialiste était visiblement ravi de pouvoirinaugurer cet ultime équipement municipal polyvalent de sa mandature. « Je prends le pari, dit-il, que ce lieu accueillera beaucoup de monde dans les années à venir. »