Une griffe s’épanouit dans l’environnement qui lui sied. Dans un monde virtuel, elle reste identifiée à l’adresse où elle a pris son envol. Prendre pignon sur rue de Sévigné, rue Bonaparte ou rue Saint Honoré est faire étalage d’affinités avec le quartier de son ADN. La mode, à la pointe de la modernité, pérennise l’image culturelle des quartiers historiques. Les barrières sociales et générationnelles tombées, elle intègre cette nouvelle mixité sociologique favorisée dans le partage des cadres urbains d'exception.
LES BOUTIQUES DU PALAIS ROYAL SONT EN PARFAITE AFFINITÉ AVEC LE PRESTIGE DES LIEUX CONTRAIREMENT
AUX INCONGRUES COLONNES DE DANIEL BUREN À LA PRÉSENCE INITIALEMENT PRÉVUE ÉPHÉMÈRE.
Par son anamorphose éphémère de la pyramide du Louvre, JR nous offre la perspective, dont nous avait privé Leoh Ming Pei.
La banalité de cette pyramide n'est spectaculaire que par son caractère iconoclaste d'une injure au patrimoine qui devait par définition être préservé.
Elle sert de couvre-chef à un complexe commercial en dichotomie avec son environnement culturel
par des affectations médiocres.
Heureusement, en 2014, le Printemps en investissant les 2500 m2 de Virgin et après le départ d'enseignes bas de gamme
est plus en phase avec la fréquentation internationale des lieux.
Quand Alain Sachs met en scène "Le Bourgeois Gentilhomme" avec Jean-Marie Bigard et Catherine Arditi, en mêlant baskets et costumes d'époque,
il valorise la modernité pérenne de l'intégrité des textes de Molière et de la musique de Lully.
Quand Rachid Taha interprète "Douce France" de Charles Trenet avec des accents méditerranéens,
il perpétue une chanson de notre patrimoine musical sans nous priver d'une version originale.
Pour Alain Sachs et Rachid Taha interpréter n'est pas tuer mais aimer.
Pour s’épanouir et se diffuser, la culture a besoin de références dont la mémoire et l’intégrité
doivent être préservées pour constituer le patrimoine d’une discipline.
La désacralisation de lieux prestigieux par des gestes iconoclastes
crée des précédents et alibis en justifiant d’autres à venir.
On ne peut s’offusquer de la destruction de Palmyre et dans le même temps tolérer
la dévalorisation du Louvres et de Versailles que certains rêvent de moderniser
comme Édouard François ou Vincent Callebaut veulent éradiquer le Paris historique pour une facile et scandaleuse notoriété usurpée,
alors que la nouvelle économie se veut durable, pas neuve pour autant.
La vraie modernité est celle du Château de Versailles, première vitrine internationale du made in France depuis quatre siècles
ou des Galeries Lafayette Haussman, dont l’architecture et le concept, contenant et contenu, expriment sans défaillir cent ans d’art de vivre.
Des portraits phytomorphes de Giuseppe Arcimboldo au Centaure de César Baldaccini,
cinq siècles les séparent sans rompre une évidente filiation,
Le futur prenant son élan dans le passé, il importe de rendre la tradition contemporaine
comme la perpétue la Haute Couture dans ses codes pérennes de créativité et de perfection.